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Festival des Architectures Vives 2016

Le Festival des Architectures Vives tient cette semaine à la Grande Motte sa quatrième édition consécutive. De jeunes équipes d’architectes (Six françaises, une italienne et une espagnole) présentent huit installations en plein air, un médiateur (étudiant en architecture) se tenant à la disposition du public pour donner toutes les informations sur l’oeuvre et sur son concepteur. J’ai pris une photo de chaque installation, vue d’ensemble ou détail, que j’ai fait suivre de la légende officielle (italiques) parfois précédée de quelques commentaires personnels (normal).

Ce jeu de miroirs qui encerclent le tronc d’un vieux pin dans le jardin de l’église superpose l’espace devant et derrière, in and out, avec un effet saisissant.

Avec cette installation, Go-Up souhaite définir une limite à l’espace libre. Ainsi le projet se réalise dans la mise en connexion des éléments individuels qui, ensemble créent de multiples entités grâce aux jeux de miroirs. L’espace créé accueille sans couper, connecte les sphères intimes, unit, multiplie ce qui est connu ou perçu. Le visiteur devient le héros de ce théâtre imaginaire.

Des parasols renversés par le vent, comme on en voit trop souvent sur la plage. Le vent qui en début de semaine a endommagé les parasols debout de l’installation, au point que les concepteurs ont dû venir retirer leurs baleines.

M³ aborde l’innovation comme la résultante de la fusion d’un élément unique, le parasol. C’est à travers ces assemblages qu’apparaissent de nouvelles formes, engendrant à leur tour de nouveaux usages, et invitant les passants à se questionner sur l’objet même du parasol. A travers la répartition des parasols dans la fontaine, l’installation propose un parcours ponctué par de nouveaux espaces tels une sphère sous laquelle le public peut déambuler ou encore une enceinte pour se regrouper et échanger. Le parasol objet emblématique de la saison estivale à la Grande Motte devient alors ludique et appropriable par tous.

Un réseau de fils tendus sur des arches, vue rapprochée et partielle de l’oeuvre.

PHIL – Paysage Hydride Interactif Local – intègre la notion d’hybridation entre architecture et paysage qui prend place à l’échelle urbaine. Dans ce contexte patrimonial emblématique, la question de l’innovation est interrogée à travers deux axes majeurs. Le projet rend d’abord un hommage aux formes et archétypes urbains et architecturaux particulièrement identitaires de la ville, fruit de la vision innovante portée par Jean Balladur dans les années 1960. PHIL propose une seconde réflexion plus poétique autour du sujet en question. L’innovation peut être considérée comme l’aboutissement d’une multitude de cheminements, de lignes à emprunter, à questionner, à confronter (entre elles, avec leur environnement). Certaines parfois plus lumineuses se révèlent alors à la nuit tombée et trouvent écho dans leur environnement. D’arche en arche, les vibrations tactiles du tissage réinterprètent à échelle réduite la “skyline” caractéristique de la ville et livrent au public une expérience à la fois corporelle, sensorielle et visuelle qui peut être parcourue, pratiquée, contemplée.

Des gaines électriques recyclées en mobilier urbain. Vue partielle.

In OverAll est un système de mobilier urbain modulaire, conçu pour habiter l’espace public. Cette installation permet d’introduire de nouvelles pratiques, à la fois dans l’utilisation d’un espace mais aussi dans l’usage d’un matériau spécifique. Installé face à la mer, il prend place entre deux murs existants organisés dans une alternance d’orientation. In OverAll s’organise en deux modules qui sont subordonnés à la direction radiale initiée par les deux murs en béton. Les modules sont plus ou moins larges et sont plus ou moins espacés l’un de l’autre. De par ce jeu, des espaces libres permettant le passage des visiteurs créent des tensions entre les nouveaux murs mis en place et les murs existants. L’installation exprime une notion d’innovation à travers le détournement d’un matériau. Elle invite, avec peu de chose, à la lenteur et à la contemplation. Elle est conçue autour de quatre usages: se reposer, attendre, observer et rencontrer.

Le dessin du jour, en référence au Brexit.

La promenade du front de mer prend peu à peu des allures d’école. Comme sur un grand tableau transparent, de curieux dessins prennent forme. Ici, pas d’exercice imposé, mais l’horizon comme page blanche. Un enfant dessine un bateau qui part à la découverte de terres lointaines, une jeune femme esquisse la silhouette d’une ville flottante imaginaire. Là, c’est un horizon venu d’ailleurs que l’on imagine au loin. Un crayon à la main, l’immensité de la mer sous les doigts, l’imagination se déclenche, les rêves se dessinent. A la manière de Jean Balladur qui imagina La Grande Motte sous la forme d’une skyline rythmée depuis la mer, l’installation éveille la créativité du passant : sur la ligne vierge de l’horizon, il interroge son regard, réinvente son environnement. Face à la mer, les dessins se confrontent, se mélangent pour ne plus former qu’un.

En discutant avec le médiateur, j’ai énoncé “nouilles de piscine”, ça l’a fait rire. En anglais on appelle ça des “Pool Noodle” qui se traduirait en français par nouilles de piscine. Je ne sais quel crétin a eu l’idée de les appeler en français frites en mousse. C’est un canadien, Richard Koster d’Oakville, en Ontario, qui les a créées à la fin du 20° siècle, à l’origine il les avait appelées “water woggle”, le “woggle” étant un espèce de nœud inventé par un australien pour attacher les foulards scouts.

La modénature des bâtiments de la Grande Motte est le point de départ de la réflexion. HOCH Studio ont été inspirés par l’étrangeté de ces objets architecturaux et leurs dialogues avec le littoral. A l’échelle du Festival des Architectures Vives, ils veulent innover dans l’expression de ce dialogue, en poussant sa représentation de façon symbolique et sensuelle, à travers la matérialité, la forme et la couleur. Au-delà du concept principal, l’installation «La Grande Frite» amènera le public à se questionner sur le rapport entre l’architecture et le paysage. Leur micro architecture utilise des tubes en mousse initialement destinés à des activités aquatiques à la mer ou à la piscine, serrées les uns aux autres, formant comme un bosquet ou une anémone aux nombreuses tentacules. Elle entraîne un rapport au contexte encore plus organique que celui de l’architecture de Balladur à son environnement de façon ludique et éphémère.

L’idée commence par la configuration de deux mondes. Le monde terrestre accueille les personnes du monde maritime. Ce monde maritime, qui est plus privé, recueillie les reflets bleus de la mer et du ciel à travers les miroirs. Pour cela on utilise des planches en bois, fines et longues, réversibles et fixes au sol. Ces miroirs cohabitent avec une murale de plusieurs couleurs. Chaque planche avec un coté miroir et un autre coté coloré donne la possibilité à chacun de créer différentes mosaïques. Ce nouveau monde de couleurs s`élargie dans les profondeurs de la mer. Les matériaux choisis sont conçus pour faire un contraste entre les nouveaux matériaux et les matériaux déjà existants.

Cette espèce de barque est si solidement ancrée au fond, qu’elle n’a pas l’air de flotter, on dirait plutôt une trouée dans la mer, comme une trappe de bar, qui permettrait grâce à ses deux escaliers d’accéder à une pelouse imaginaire.

Le Festival des Architectures Vives fait place cette année à l’innovation, une opportunité de reconsidérer l’usage de notre territoire. Les enjeux climatiques actuels nous amènent à penser au-delà de nos habitudes, à nous interroger sur les limites de notre environnement et notamment la mer, les océans… Notre avenir tient dans la façon dont nous allons pouvoir nous adapter à l’eau, dans notre capacité à l’apprivoiser. L’installation proposée a pour but de sensibiliser le public à notre futur tout en repensant un espace qui leur est familier. L’installation de JN Architectes se présente sous la forme d’une faille dans l’eau comme un passage menant d’un milieu inhabituel, l’eau, à celui qui nous est plus connu, la terre. Il s’agit de faire cohabiter ces deux éléments pour affirmer une prise de conscience. Le projet est constitué d’une coque métallique dont les bords se situent au niveau de la mer. Sa forme géométrique en gradins fait écho à l’architecture de Jean Balladur, réinterprétant la silhouette de la Grande Motte. Deux escaliers se faisant face mènent à une surface végétalisée au centre, qui symbolise notre milieu naturel. L’espace créé s’intègre à celui de l’eau, ce n’est pas une île, mais la composante d’un nouveau tout.

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