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Analyse de Guernica de Pablo Picasso

Guernica, huile sur toile de Pablo Picasso (1881-1973) – 1937 – 3,51 m x  7,52 m.

La guerre civile éclate en Espagne en 1936 entre les républicains et les nationalistes. Le 26 avril 1937, les bombardiers allemands, appelés par Franco détruisent la petite ville de Guernica. “Guernica” est la représentation d’une scène de ce massacre.

Au premier plan :
De gauche à droite : une femme avec un enfant dans ses bras, un taureau, un homme allongé avec une épée dans la main droite, un cheval, une lampe au plafond, une femme apparaissant à une fenêtre et brandissant une lampe à pétrole, une femme s’enfuyant, un personnage en proie aux flammes d’une habitation. Les expressions sont fortes (femme criant de douleur, cheval terrorisé, soldat mort…), et accentuées par la déformation de l’ensemble des personnages.

Au deuxième plan :
Des architectures intérieures alternent avec des vues extérieures, des portes, des fenêtres, des flammes, des toits, un dallage, une colombe). La visée est horizontale.

La lumière :
Il y a plusieurs sources lumineuses : la lampe du plafond, la lampe à pétrole, les ouvertures vers l’extérieur (portes et fenêtres). La lumière divise la scène en deux parties (gauche et droite).
Les contrastes de valeurs mettent en évidence les personnages du premier plan par rapport au second plan, mettent en évidence l’action et les expressions des personnages. Le rôle de la lumière : le plafonnier symbolise les bombes donc la destruction, la lampe à pétrole symbolise la résistance, l’espoir, l’éclairage extérieur symbolise la vérité, donc la représentation et la lumière sont séparés.

La couleur / la matière : Absence de couleurs. Utilisation du noir et blanc et d’une variété de gris (ainsi que des gris colorés). Les personnages sont mis en évidence par une teinte plus claire que les décors. Les gris sont obtenus avec des aplats ou par graphismes (cheval). L’absence de couleur est volontaire. Le rôle du noir et blanc : dramatisation de la scène, accentuation de l’idée de mort. Les croquis préparatoires étaient, eux, en couleur. Le noir et blanc fait également référence aux coupures et aux images de journaux que Picasso a utilisées dans ses recherches.

La composition,  l’espace :
1- Un axe vertical divise le tableau en 2 grandes parties, ainsi que la lumière (partie gauche beaucoup plus sombre que la partie droite).
2- Quatre parties correspondent aux différents groupes de personnages : 1) femme à l’enfant (L’enfant mort dans les bras de sa mère se rapprochent-ils d’une autre image à portée universelle, celle d’une piéta ? ) et taureau (symbole de la force brute, de la cruauté). 2) cheval (symbole du peuple sacrifié) et lampe(symbole de l’espoir). 3) les deux femmes. 4) le personnage bras en croix dans les flammes (référence au “Tres de Mayo” de Goya).

3- Composition classique de type pyramidale, délimitée, à droite, par la femme qui s’enfuit, et à gauche par le soldat mort ou plus exactement par la ligne imaginaire qui part de sa main, ces deux personnages permettent d’unifier l’ensemble des parties du tableau. A la base de la pyramide, il y a la mort représentée par le soldat, et au sommet la promesse de revanche symbolisée par la lampe brandie. Il y a une opposition entre l’élan de la femme de droite qui se dirige vers la lumière et le taureau qui s’en détourne.
Connotation: L’horizontale évoque la mort au contraire de la verticale qui signifie l’élan vers la vie. Le mouvement, qui part dans plusieurs sens différents, est figé. Le rôle de la composition : Fragmenter l’espace et de donner une impression de désordre (désordre organisé).

4- Jeux de regards :
Attirer le regard vers la lampe (espoir, revanche). Quant au taureau, il symbolise la brutalité, la violence et représente les nationalistes, la lampe du plafond (les éclats, les bombes), les flammes, représentent la domination de l’ennemi. Les regards convergent vers ces éléments sauf le taureau qui nous regarde : manière d’introduire le spectateur dans l’oeuvre ou représente t’il une menace ? La colombe, elle est dans l’ombre, et montre le désespoir de la population. Elle fait écho au personnage de droite et au cheval (symbole du peuple) inspiré d’une crucifixion réalisée en 1930 : Sacrifice du peuple républicain espagnol

Interprétation :
Cette oeuvre dénonce le massacre d’innocents par les nationalistes aidés des nazis, l’oeuvre dégage une sensation d’horreur. Picasso, par la déformation des personnages, vise une expression accrue. Le noir et blanc ajoute à la dramatisation de la scène. Il utilise une caractéristique propre au style cubiste : la représentation simultanée face/profil, il fragmente l’espace au maximum afin d’amplifier l’idée de désordre et affirme la bi- dimensionnalité du tableau en interdisant toute profondeur (tuiles du toit..)

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