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François Héry, organiste de l’église

[© Ouest france, 28 décembre 2013]francois-hery-orgue
François Héry au milieu des organes vitaux de l’instrument : une forêt d’orgues. Outre des relevages (maintenance) effectués par un facteur d’orgue, l’instrument fait l’objet d’un réglage de notes deux fois par an.
Entretien avec François Héry, organiste de l’église.
Par quelle voie (ou voix céleste) êtes-vous venu à l’orgue ?
La musique est une affaire de famille. Mon père, François, alors jeune organiste, fut appelé par l’armée. Prisonnier de guerre, il fut remplacé par une certaine Jacqueline Thirion, jeune Champenoise réfugiée à Saint-Quay. À la libération, François fit la connaissance de sa remplaçante. Ils se marièrent, eurent un fils, François, qui vous parle. Ma mère et mon père, qui devint élu municipal (42 ans) et maire pendant 18 ans, se sont relayés pendant 60 ans à l’orgue de la paroisse pour accompagner les événements, les mariages, les obsèques… J’ai grandi dans cet environnement. À 4 ans, je me mettais au piano et à 14 ans, par une sorte de révélation, je m’orientais vers l’orgue.
Qu’a donc de plus cet instrument et en particulier l’orgue de Saint-Quay ?
En jouer est un exercice très physique, mais la plénitude des sonorités qu’il émet et la palette de timbres dont il dispose sont impressionnantes. À lui seul, l’orgue vaut un orchestre. À l’organiste de faire ses mélanges entre les jeux de notes, définir les nuances sur ses trois claviers ; activer les différents instruments (trompette, flûte, bombarde…) en basculant les dominos (leviers), donner de l’assise (de la profondeur) aux sons par le biais des marches du pédalier.
On peut s’enorgueillir de posséder ici un tel instrument : les 3 400 tuyaux (d’une longueur mesurée en pieds) sont au service de 48 jeux. Ses performances, régulièrement enrichies, en font l’un des plus importants de Bretagne.
Pour l’anecdote, il a été monté en 1932 par le prêtre et mon père, qui a également fabriqué, dans la cave de la maison, avec moi, les tuyaux en bois du piccolo.
Que représente l’orgue dans votre vie ?
Depuis son départ en retraite, l’ex-proviseur que j’étais vient à l’église, très souvent et même la nuit. Je ne me lasse pas de découvrir toutes ces œuvres, classiques, romantiques ou baroques, qui sont à sa portée. L’organiste se fait alchimiste en mariant des sonorités qui font palpiter l’âme pour l’élever vers le ciel. Actuellement je prépare le concert qui sera donné le 26 janvier à l’église. Je ferai plaisir au public (et à moi) en interprétant des œuvres majestueuses ou primesautières. Le 2e orgue, celui de chœur sera aussi de service pour accompagner les chants des Kanerien ar Goëlo.
[© Ouest france, 28 décembre 2013]

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