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Agriculture : on marche sur la tête !

tracteurCeci n’est pas une étude scientifique, bien au contraire. C’est plutôt le résultat de réflexions et de nombreuses interrogations et constatations du monde économique et politique actuel. Le coup de gueule de Denis Roques sur le monde agricole est le déclencheur de ces constats.

Pour ma part, je me suis toujours interrogé sur le fonctionnement économique de l’agriculture. Les diverses discussions que j’ai pu avoir avec mes amis agriculteurs de la Brie ne m’ont pas apporté de réelles réponses, eux-mêmes ayant des difficultés à comprendre le fonctionnement de l’économie concurrentielle.

Dans presque toutes les activités autres que l’agriculture ou l’élevage, les entreprises se battent pour vendre leurs marchandises et cherchent sans cesse de nouveaux produits innovants, avant de réaliser de nombreuses études de faisabilité et d’études de marchés. Produire ne devient donc que la conséquence des ventes prévisionnelles. Ensuite il faut investir dans une force commerciale persuasive pour pouvoir réaliser effectivement ces ventes.

Dans le monde agricole, il semble que cela soit l’inverse, puisque l’enjeu majeur c’est l’augmentation de la production. Le “toujours plus” décrié par François De Closets il y a quelques années sur plusieurs sujets.

Quel est le problème majeur du monde agricole aujourd’hui ?
– Il s’agit du prix d’achat de la production qui est inférieur au prix de revient.
Pourquoi ce prix est si bas ?
– Il semblerait que cela soit la conséquence d’une offre plus forte que la demande, donc d’une surproduction !
Pourquoi, donc, continuer à produire en masse, à grands coups de subventions, des produits qui finiront par être jetés ?

Dans les autres économies, en cas de prix inférieur au coût de revient, il faut agir sur les coûts. Cela se transforme par une ré-industrialisation du processus de fabrication, une compression des charges de personnel, ou, au pire, par une fusion-absorption d’un concurrent.

Que faut-il faire pour l’agriculture ?
– Réduire le nombre d’exploitants ?
– Regrouper les exploitations ?
– Industrialiser les élevages ?
– Imposer des prix minima ? Dans un marché concurrentiel, cela s’apparente à de la concurrence déloyale, l’Europe vient de se saisir du problème avec Intermarché et Leclerc.
– Développer les circuits-courts ?
– Améliorer la qualité et non la quantité ?

Dans un registre parallèle, pour les Communes, les POS (Plan d’Occupation des Sols) ont été remplacés par les PLU (Plan Local d’Urbanisme). Le but principal de ces PLU est de développer les constructions verticales afin d’arrêter les extensions des villages qui mangent les terres agricoles. Le but avoué est donc de développer l’agriculture. Pourquoi faire, puisqu’il y a déjà trop de production ?

En limitant l’extension des villages, on réduit les possibilités de construire de l’habitat individuel. En réduisant ces constructions, les petites entreprises de BTP (Bâtiment Travaux Publics) voient leurs marchés s’étioler et sont contraintes à licencier leur personnel qui va grossir le rang des chômeurs. Ces entreprises de l’Artisanat font pourtant partie, comme l’indique la publicité, de la plus grande entreprise employeur de France…

Quel est la marge de manœuvre des politiques ? Aucune, tout est décidé à Bruxelles. Seule la levée de l’embargo sur la Russie pourrait donner un peu d’air. Cet embargo a d’ailleurs couté plus cher à l’Europe et à la France particulièrement (plus de 200 Millions d’Euros environ par an pour le monde agricole et 1,2 millions d’Euros plus 220 millions pour le porte hélicoptères Mistral), qu’il n’a gêné la Russie qui s’est trouvé facilement d’autres fournisseurs.

Enfin, nous, les consommateurs :
– sommes-nous prêts à payer un peu plus cher nos produits ?
– vérifions-nous les origines de nos achats ?
– connaissons-nous la signification des diverses étiquettes déjà existantes, comme la suivante ?
etiquette

La crise du monde agricole me remémore une intervention d’un Ministre de la Confédération Helvétique lors d’un colloque à Paris, qui répondait à la question d’un journaliste sur le prix plus élevé du lait en Suisse qu’en France. Sa réponse, tout en ne manquant pas d’un certain humour, définissait bien la complexité de la gestion des territoires : “Nos agriculteurs et éleveurs sont comme vos gardiens de square à Paris, ils sont aussi là pour entretenir nos paysages”.

Gilles Picolet

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