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langue et religion

CredoLe lien entre la religion et la langue est souvent primordial, comme dans les trois grandes religions monothéistes que sont le Judaïsme, l’Islam et le Christianisme, avec l’hébreu, l’arabe et le latin. Les juifs et les musulmans continuent à utiliser les langues de leurs textes sacrés, mais à l’issue du concile Vatican 2, les catholiques ont abandonné leur langue liturgique, le latin. Coïncidence ou pas, la pratique du catholicisme régresse depuis.

Renoncer au latin, une décision funeste

Quand j’étais enfant, la messe se disait en latin, on connaissait les paroles par coeur et pour beaucoup, la signification de chaque mot, il faut dire que dans les campagnes la plupart des gens étaient bilingues, capables de parler  une langue régionale ou un patois et le français, ce qui leur donnait plus de facilité à apprendre les rudiments d’une troisième langue. Je me souviens du curé du village de Lagrave, dans le Tarn, qui parlait le latin comme nous parlons aujourd’hui l’anglais.

En même temps j’apprenais le latin, en classe de 6ème, nous sommes en 1963, c’est le début de l’application de la « prononciation restituée » du latin, qui s’oppose à la prononciation à l’italienne du latin de messe et à la prononciation à la française du latin des érudits.

A chaque religion sa langue

Je trouvais paradoxal que cette langue que j’entendais à la messe soit qualifiée de langue morte  au lycée. Je me rends compte aujourd’hui que si l’enseignement s’était appuyé sur la traduction et l’étude de la syntaxe des textes du rituel catholique, textes répétés tous les dimanches, plutôt que sur le récit de la guerre des Gaules de Jules César, j’aurais appris le latin plus facilement.

Mais c’eut été évidemment impossible, en raison de la séparation de l’église et de l’état et parce que l’école est laïque, c’est pourtant ce que font les juifs et les musulmans dans leurs écoles, et c’est ce lien entre la langue et la religion qui donne de la force à cette dernière.

Les deux versions du Credo

Voyez la beauté de ces deux versions du « Credo » (le symbole des apôtres suivi du symbole de Nicée-Constantinople) et voyez comme il est facile d’en comprendre chaque mot (chacun d’entre eux a donné naissance à son équivalent en français) et la construction de chaque phrase :

Le credo des apôtres
Credo in Deum, Patrem omnipotentem,
Creatorem caeli et terrae.
Et in Iesum Christum, Filium eius unicum, Dominum nostrum:
qui conceptus est de Spiritu Sancto,
natus ex Maria Virgine,
passus sub Pontio Pilato, crucifixus,
mortuus, et sepultus,
descendit ad inferos,
tertia die resurrexit a mortuis,
ascendit ad caelos,
sedet ad dexteram Dei Patris omnipotentis,
inde venturus est iudicare vivos et mortuos.
Credo in Spiritum Sanctum,
sanctam Ecclesiam catholicam,
sanctorum communionem,
remissionem peccatorum,
carnis resurrectionem,
vitam aeternam.
Amen.
Je crois en Dieu, le Père Tout-puissant,
Créateur du Ciel et de la terre ;
et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur,
qui a été conçu du Saint-Esprit,
est né de la Vierge Marie,
a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié,
est mort et a été enseveli,
est descendu aux enfers,
le troisième jour est ressuscité des morts,
est monté aux cieux,
est assis à la droite de Dieu le Père Tout-puissant,
d’où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois en l’Esprit saint,
à la sainte église catholique,
à la communion des saints,
à la rémission des péchés,
à la résurrection de la chair,
à la vie éternelle.
Amen.
Le Credo de Nicée-Constantinople
Credo in unum Deum,
Patrem omnipoténtem,
factόrem cæli et terræ,
visibílium όmnium, et invisibílium.
Et in unum Dόminum Iesum Christum,
Fílium Dei unigénitum.
Et ex Patre natum ante όmnia sæcula.
Deum de Deo,
lumen de lúmine,
Deum verum de Deo vero.
Génitum, non factum,
consubstantiálem Patri :
per quem όmnia facta sunt.
Qui propter nos hόmines,
et propter nostram salútem
descéndit de cælis.
Et incarnátus est de Spíritu Sancto ex María Vírgine :
et homo factus est.
Crucifíxus étiam pro nobis :
sub Pόntio Piláto passus, et sepúltus est.
Et resurréxit tértia die,
secúndum Scriptúras.
Et ascéndit in cælum :
sedet ad déxteram Patris.
Et íterum ventúrus est cum glόria
iudicáre vivos, et mόrtuos :
cuius regni non erit finis.
Et in Spíritum Sanctum,
Dόminum, et vivificántem :
qui ex Patre Filiόque procédit.
Qui cum Patre, et Filio
simul adorátur, et conglorificátur :
qui locútus est per Prophétas.
Et unam, sanctam, cathόlicam et apostόlicam
Ecclésiam.
Confíteor unum baptísma
in remissiόnem peccatόrum.
Et expécto resurrectiόnem mortuόrum.
Et vitam ventúri sǽculi.
Amen.
Je crois en un seul Dieu,
le Père Tout-Puissant,
Créateur du ciel et de la terre
de l’univers visible et invisible.
Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ
le Fils unique de Dieu,
né du Père avant tous les siècles
Il est Dieu, né de Dieu,
Lumière, né de la Lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu,
engendré, non pas créé,
de même nature que le Père,
et par Lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut,
Il descendit du ciel ;
par l’Esprit Saint,
Il a pris chair de la Vierge Marie,
et S’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Écritures,
et Il monta au ciel ;
Il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire,
pour juger les vivants et les morts ;
et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l’Esprit Saint,
qui est Seigneur et qui donne la vie ;
Il procède du Père et du Fils ;
avec le Père et le Fils,
Il reçoit même adoration et même gloire ;
Il a parlé par les prophètes.
Je crois en l’Église,
une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptême
pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts,
et la vie du monde à venir.
Amen.

Le déclin du catholiscisme depuis Vatican II :

la prononciation restituée du latin

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