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David Gilmour : concert à Orange

David Gilmour, ex-guitariste de Pink Floyd, donnait le 17 septembre dernier son unique concert en France, la veille de la sortie de son nouvel album, Rattle That Lock. Une performance éblouissante dans le décor somptueux du Théâtre antique d’Orange.

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Réminiscence du concert des Floyd à Pompéi (1971) mais avec le public en plus, les premières dates de la tournée européenne de David Gilmour passaient par des arènes antiques (Pula, Verone, Florence). Orange recevait le dernier live en plein air de l’année 2015.

20150917_175530Dès quatorze heures, les rues d’Orange se remplissent d’une foule de fans arborant des tee-shirts à l’effigie de Dark Side of The Moon. Le temps diluvien des précédents jours a fait place à un grand ciel bleu. Dans la file d’attente, un vieux monsieur, sourire aux lèvres et étoiles plein les yeux, raconte : “Je les ai vus la première fois en 1977 pour Animals, puis en 88 à Versailles. Après j’ai vu Waters deux fois au Stade de France et là ce soir c’est Gilmour” A côté de ce vétéran, je passe pour un amateur avec ma pauvre collection de concerts pirates… D’après les deux dames qui tiennent la buvette à l’entrée, des personnes ont fait le voyage depuis l’Australie ou la Malaisie pour assister au spectacle.

20150917_204610Dix-sept heures. Les répétitions auxquelles nous assistons depuis l’extérieur de l’enceinte donnent le ton : le concert sera exceptionnnel. De fait, lorsque Gilmour et ses huit musiciens investissent la scène, tout est parfait : l’acoustique du théâtre est à la hauteur de sa réputation, la balance des sons est soignée, et les éclairages à couper le souffle. L’écran circulaire est bien sûr de la partie. Petit bémol : la toiture qui surplombe le théâtre n’est pas assez solide pour supporter l‘équipement qui permet la projection des vidéos. David Gilmour est accompagné de huit musiciens disais-je, dont Phil Manzanera (ex-Roxy Music) à la guitare et des fidèles Guy Pratt à la basse et Jon Carin aux claviers. Ce dernier a d’ailleurs étoffé son jeu puisqu’il assure désormais des parties de guitare du plus bel effet.

20150917_211940La setlist alterne habilement les classiques de Pink Floyd et les morceaux des deux derniers albums solos de Gilmour, un agencement judicieux qui inscrit les compositions récentes dans la lignée de leurs prédécesseures. Je retiens surtout un Astronomy Domine d’anthologie (presque 50 ans et pas une ride), les deux solos simultanés de Fat Old Sun servis par le duo Gilmour/Manzanera, les trois titres majeurs de Dark Side of The Moon (Time, Money, Us and Them) et un Run Like Hell apocalyptique avec le public tendant les bras comme dans le film The Wall. On An Island et The Blue, du précédent album solo, s’imposent désormais comme des classiques. Les morceaux ont été réarrangés juste ce qu’il faut pour éviter la redite avec les tournées précédentes et flatter l’oreille des spectateurs. La voix de Gilmour est toujours aussi belle. Au titre des (petites) déceptions, un Shine On You Crazy Diamond un peu raccourci et le très dispensable Sorrow qui aurait pu être remplacé par Echoes. Comfortably Numb et ses deux solos de guitare closent comme il se doit les deux heures et demie de ce rêve éveillé. Emerge de ce spectacle une déconcertante impression de facilité et surtout de simplicité, comme si notre homme s’était débarrassé de la lourdeur qui entourait les concerts de Pink Floyd. Ce que l’intéressé semblait confirmer dans une récente interview : “Pink Floyd c’est fini il y a longtemps {…} pour moi c’est presque oublié ”.

david_gilmour-rattle_that_lock_aUn mot, pour finir, sur le dernier opus de Gilmour, sorti au lendemain du concert. Si on oublie assez vite le single éponyme, tête de gondole sympathique introduite par le sonal de la SNCF, Rattle That Lock est un album plutôt réussi. On est loin des audaces des années 70, mais l’ensemble est concis et efficace. Si l’on y retrouve certaines figures imposées (les instrumentaux 5 A.M. et And Then... qui ouvrent et closent l’album), Gilmour s’affranchit progressivement du style Pink Floyd et réussit à étonner avec deux titres jazzy (Dancing in Front of Me et The Girl in The Yellow Dress). L’émotion est au rendez-vous avec Faces of Stones (évocation d’un moment passé avec sa mère mourante) et A Boat Lies Waiting, hommage au regretté compagnon d’armes Rick Wright (ex-clavier des Floyd) chanté quasiment a capella avec David Crosby et Graham Nash. In Any Tongue, avec son piano pesant interprété par Gabriel Gilmour (fils de), ses choeurs et son solo final, aurait pu figurer dans les derniers albums de Pink Floyd. L’accrocheur Today apporte enfin à l’ensemble une petite note soul pas désagréable. Bref un bon album qui se laissera réécouter avec plaisir.

David Gilmour, Rattle That Lock (Sony).

Merci à mon ami Lomig pour cette escapade dans le Sud.

Dernière minute : rumeurs insistantes d’un concert parisien en juillet 2016, affaire à suivre. Mise en ligne sur internet dimanche dernier d’une excellente captation pirate du concert d’Orange ;  pour plus d’info, n’hésitez pas à me contacter.

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