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La SNCF d’hier et d’aujourd’hui

2015-04-15 11.26.14RCela fait plus de quarante ans que je voyage, plus ou moins régulièrement, sur la ligne SNCF Paris-Marseille. Dans les années 70 il n’y avait pas encore de TGV et la plupart des voyages s’effectuaient de nuit, en wagon-lit, couchette, place assise, ou quand il n’y avait plus de place, dans le couloir. La tarification était simple et transparente : le prix du billet était le produit du nombre de kilomètres parcourus par un coefficient, le prix du kilomètre. En première classe, le prix était majoré de 50%. Le billet, le ticket plutôt, avait à peu près la taille d’un ticket de métro, et il avait une durée de validité de 2 mois. Si on ratait son train, on pouvait prendre le suivant. Pour être certain d’avoir une place assise, il fallait la réserver, la réservation pouvait s’acheter indépendammment du billet.
2015-04-15 12.38.44RLes choses se sont gâtées avec l’apparition du TGV Paris Méditerranée. Pour amortir le coût de construction de la nouvelle ligne, la SNCF aurait voulu pouvoir immédiatement faire payer les trajets en TGV plus cher que les trajets en train classique. Mais si la nouvelle ligne était plus rapide, elle était aussi plus courte. Du fait qu’elle était plus courte, le prix du billet aurait même dû baisser. L’Etat a cependant permis à la SNCF de déroger à la règle kilométrique et d’appliquer un tarif basé sur la longueur de l’ancienne ligne. Et la SNCF a rendu la réservation obligatoire sur tous les TGV, puis a modulé les tarifs des réservations en fonction de l’affluence, et nous en sommes petit à petit arrivés à la situation d’aujourd’hui : des prix qui augmentent au fur et à mesure que la date de départ s’approche, des billets parfois remboursables, parfois non, des premières pour un euro de plus que les secondes, des IDTGV qui n’appliquent pas les réductions SNCF, familles, jeunes, seniors… Des Paris-Marseille souvent à plus de 100€, mais des Ouigo Marne-la-Vallée Marseille à 10 €. Le paradoxe est qu’à force d’augmenter les prix durant les périodes de pointe, on voyage dans des trains à moitié vides. Les passagers potentiels ont pris leur voiture ou ont opté pour le covoiturage. D’autres achètent des billets à l’avance quand ils sont bon marché, pour les revendre quelques jours avant le départ. Tout est fait pour que le passager qui se présente en gare à la dernière minute paie le prix fort.
Je ruminais ces pensées (c’était mieux avant…) en m’approchant de mon wagon, gare de Lyon, quand j’ai aperçu la contrôleuse, stationnée sur le quai. La même contrôleuse qui est venue contrôler mon billet. Et là j’ai réalisé que la SNCF avait changé de siècle.

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