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Avantages et inconvénients du compteur Linky

La polémique concernant l’installation du compteur Linky perdure : mais alors que les anti-Linky multiplient les actions et les procès contre l’installation du compteur Jaune, Enedis continue son déploiement à un rythme soutenu.

Mon sentiment personnel est que l’affaire Linky s’apparente à un “hoax” destiné à l’origine à nuire à EDF puis à ENEDIS.

Le compteur Linky présente des avantages indéniables non seulement pour le distributeur d’électricité ENEDIS, mais aussi pour le transporteur RTE et pour les producteurs dont EDF. Pour le consommateur il présente aussi des avantages, mais aussi un inconvénient :

Le compteur Linky, qu’il soit monophasé ou triphasé, cumule trois fonctions :

1) Compteur de consommation électrique avec télé-relève quotidienne ou toutes les 30 minutes, selon le choix du client. Avec en plus l’affichage de la puissance apparente* totale et pour chaque phase (pour les compteurs triphasés).

2) Disjoncteur réglé à la puissance apparente souscrite.

3) Contact sec (d’asservissement) heures pleines / heures creuses.

Linky affiche la puissance apparente en VA (volts ampères)

Il s’agit du produit de la tension, mesurée en volts par l’intensité, mesurée en ampères. Pour les appareils résistifs : ampoules à incandescence ou halogènes, radiateurs électriques, plaques électriques classiques, chauffe-eau, la puissance apparente en VA est égale à la puissance en Watts.

Mais pour les équipements tels que : lave-linge, réfrigérateur, ampoules fluocompactes ou LED, plaques à induction, et tous les appareils en mode veille, la puissance en VA est supérieure à la puissance en Watts. Pourquoi ? Parce que s’agissant de courant alternatif, certains appareils, notamment les moteurs ou les circuits électroniques, n’appellent pas l’intensité la plus élevée au moment où la tension est la plus élevée, il y a un décalage dans le temps qu’on appelle déphasage. Ce décalage est mesuré par un angle, nommé φ (comme le φ de Mélenchon), et pour obtenir la puissance en Watts, on multiplie la puissance apparente en VA par le cosinus (fonction trigonométrique) de l’angle φ, cos(φ).

Ainsi un lave-linge (hors chauffage de l’eau) et un réfrigérateur ont un cosinus φ de 0.65. Une consommation de 100 VA est équivalente à une consommation de 65 watts. Linky affiche la puissance en VA, mais comptabilise l’énergie en kWh.

Linky limite la puissance apparente et non l’intensité (le seul inconvénient)

Je prends l’exemple d’une installation électrique en monophasé avec une puissance souscrite de 12 kVA (le maximum  disponible).

Avant le compteur Linky, qui fait office de disjoncteur, votre puissance était limitée par votre disjoncteur d’abonné, réglé en l’occurrence à 60 A.

La tension de référence étant en France, depuis 1986 de 230 volts (dans une fourchette de ± 10%, soit de 207 à 253 V), cela correspondait à une puissance de 230 x 60 = 13 800 VA, soit 1,8 kVA de plus que votre abonnement de 12 kVA. Votre fournisseur d’électricité vous faisait cadeau de ces 1,8 kVA.

Mais aujourd’hui, avec Linky, ce n’est plus l’intensité qui est limitée, c’est la puissance mesurée en VA, ainsi pour une puissance souscrite de 12 kVA, si votre tension distribuée est de 230 volts, Linky coupera le courant à 52 A (12 000 / 230), si vous êtes en tête de réseau avec 253 volts distribués (c’est rare), Linky coupera à 47 A, et si vous êtes en queue de réseau avec 207 V, Linky coupera à 58 A. Ainsi dans tous les cas votre puissance disponible sera plus faible.

Linky actionne le contacteur heures pleines heures creuses

Le capot supérieur du compteur Linky n’est pas plombé, le retirer permet d’accéder au “contact sec”, ouvert en heures pleines et fermé en heures creuses, il suffit de le relier à un contacteur pour piloter votre chauffe eau ou votre chauffage à accumulation. Auparavant, avec les compteurs mécaniques, il fallait installer un relais récepteur d’ordres de télécommande 175 Hz. Economie de place et meilleure fiabilité.

Linky vous permet de maîtriser votre consommation d’électricité

Les différents affichages du compteur Linky vous permettent de consulter notamment la puissance maximale soutirée du jour, exprimée en VA, si vous constatez qu’elle est bien inférieure à la puissance que vous avez souscrite, ou au contraire qu’elle risque d’être dépassée quand vous mettrez tous voqs radiateurs en marche,   vous pourrez demander à votre fournisseur d’électricité de modifier votre contrat. Plus besoin de prendre de rendez-vous, ENEDIS fera la modification à distance sur votre compteur. Pour vous permettre de visualiser vos consommations de l’année, du mois ou du jour, il vous suffit de créer un compte sur enedis.fr. Vous devrez renseigner le numéro de votre point de livraison qui figure sur votre facture. Par sécurité, un courrier sera adressé à votre domicile avec les codes permettant de finaliser votre inscription. Une fois connecté, vous pourrez choisir d’autoriser ENEDIS à collecter les informations de consommation au pas de la demi-heure au lieu du pas journalier, ce qui vous permettra de les retrouver ces informations dans votre tableau de bord :

Sur le graphique par demi-heure, on constate un appel de puissance de 4h à 5h, ça correspond au chauffe-eau électrique, j’ai réglé l’horloge pour qu’il ne chauffe qu’entre 4h et 6h du matin. Comme il a une capacité de 300 litres et que je ne prends qu’une douche quotidienne, une heure lui suffit pour parvenir à sa température de consigne. Au cours de la nuit, en dehors de la période de chauffe du cumulus, la consommation est de 0,1 kWh par demi-heure, soit de 0,2 kWh par heure. Cette consommation provient du réfrigérateur et des appareils en veille.

J’ai voulu savoir quelle était la consommation de mes appareils en veille, j’ai pour cela éteint le réfrigérateur et mesuré la consommation résiduelle. J’ai été surpris de trouver environ 180 VA (ça fluctue un peu).

Four, plaques électriques, micro-ondes, lave-vaisselle, lave-linge, box internet, module fibre internet, box TV, système d’alarme connecté, visiophone, 3 téléphones sans fil, 2 postes de radio, jet dentaire, 5 lampes de sécurité (détection de mouvement et allumage en cas de coupure), 2 prises de courant télécommandées, un smartphone en charge.

Au total ce sont 24 appareils en veille qui appellent du courant !

J’ai voulu savoir quels appareils consommaient le plus : j’ai ouvert tous les disjoncteurs et fusibles pour les rebrancher un par un. Et j’ai pu mesurer les puissances appelées par les différents appareils en veille. En tête du hit parade, la plaque à induction, avec 134 VA, mais bizarrement la somme des consommations de chaque appareil pris individuellement n’est pas égale à la consommation de tous les appareils ensemble. J’en déduis que certains appareils ont un déphasage inductif et d’autres un déphasage capacitif, ce qui neutralise en partie les puissances réactives.

237 € par an

Pour savoir véritablement ce que consomment ces appareils, il faudrait que je vide et que j’arrête mon réfrigérateur et que je relève les consommations pendant une nuit.

Mais en attendant, voyons ce que coûtent ces appareils en veille :

180 VA ≈ 180 Watts / 1000 = 0,18 kW x 24 x 365 = 1 577 kWh x 0,15 € = 237 € par an

C’est le prix d’une petite TV ou d’une plaque de cuisson !

La solution qui consiste à débrancher les appareils lorsque qu’on ne s’en sert pas n’est pas facile à mettre en oeuvre, surtout pour les appareils encastrés, four, lave-vaisselle, plaques de cuisson… Il faut ouvrir le disjoncteur ou le fusible correspondant, ça marche si installation électrique est récente et que chacun de ces appareils dispose d’une ligne spécialisée, mais chaque fois que vous débranchez un four, par exemple, l’affichage de l’horloge clignote pour vous pensiez à la remettre à l’heure. Impossible aussi de débrancher la box internet si elle est connectée à un système d’alarme.

Autrefois les fours n’affichaient pas l’heure, le bouton marche arrêt placé sur chaque appareil l’arrêtait vraiment. Un téléphone fixe n’avait pas besoin de prise de courant même s’il était équipé d’un amplificateur. Aujourd’hui des sèche-linge comme le mien communiquent par bluetooth, tout un tas d’appareils sont équipés d’horloges qu’il faut remettre à l’heure au moins deux fois par an.

Alors que faire ?

1) mesurez la consommation de vos appareils en veille :

Choisissez un jour où vous n’avez pas grand chose qui craigne dans votre frigo ou votre congélateur, mettez-le en position plus froide pendant une heure ou deux. Au moment d’aller vous coucher, éteignez le frigo et éteignez le chauffe-eau électrique si vous en avez un. Dès que vous vous lèverez, vous remettrez en service les appareils éteints. Le lendemain la courbe de consommation Linky vous donnera l’énergie consommée pendant la nuit.

2) débranchez vos appareils quand vous ne les utilisez pas :

Si vous jugez que votre consommation en veille est excessive, éteignez et débranchez les combinés de téléphone fixe que vous n’utilisez pas, notamment quand vous partez en vacances. Éteignez le WiFi quand vous ne l’utilisez pas. Faites placer des interrupteurs à proximité des lave-linge, sèche-linge, four (tant pis pour la mise à l’heure). Renseignez-vous sur la consommation en veille des appareils que vous achetez.

Depuis janvier 2017, une directive européenne limite la puissance de veille des appareils ménagers : Elle est de 0,5 W pour un certain nombre de catégories d’appareils, mais de 3W pour les appareils qui restent connectés à Internet ou à des réseaux de données.

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