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Terre armée : obsolescence programmée

Cet article fait suite à Terre armée : une technique à proscrire, que j’ai publié il y a quelques jours. Guillaume, de la Direction de la Communication Terre Armée, m’a fait l’honneur d’apporter un commentaire et je l’en remercie.

La terre armée, qu’est-ce que c’est et à quoi ça sert ?

Le but de la technique est de réaliser des remblais avec des parements verticaux, de façon économique, sans utiliser la technique du béton armé plus lourde et plus onéreuse.

On va associer pour cela 3 éléments : de la terre de remblai, des armatures en acier ou en fibres synthétiques et des plaques de béton de parement (écailles). En tirant partie des qualités de chaque matériau : le faible coût et la résistance à la compression de la terre, la résistance à la traction de l’acier, la tenue du béton vis à vis des intempéries et la possibilité d’obtenir un parement architectonique adapté à l’environnement.

Les armatures de la terre armée

Contrairement aux ouvrages de génie civil qui font appel à des armatures rondes de forte section (jusqu’à 50 mm de diamètre), les armatures utilisées en terre armé sont des plats en acier galvanisé d’une épaisseur maximale de 5 mm (3mm pour les premiers ouvrages). Il existe également des armatures synthétiques, cependant, selon le constructeur, elles sont réservées aux ouvrages légers.

La durée de vie des ouvrages

La tenue dans le temps des ouvrages en terre armée est essentiellement liée à la vitesse de corrosion des armatures en acier. La durabilité des ouvrages varie considérablement selon la qualité des armatures et l’environnement. Dans un milieu sec, comme dans les zones désertiques des Etats-Unis ou de l’Australie, les armatures ne se corrodent presque pas et les ouvrages résisteront probablement au-delà d’une centaine d’années. Dans un milieu humide ou avec une alternance de sècheresse et de précipitations, la perte d’épaisseur des armatures liée à la corrosion diminue inéluctablement leur résistance jusqu’à provoquer la ruine de l’ouvrage. La présence de chlorures dans le remblai ou dans les eaux d’infiltration est un facteur aggravant.

La prévention

Le problème est que les armatures ne sont pas visibles et les travaux d’approche pour les atteindre et les inspecter sont difficiles : il est impossible de retirer une écaille sans risque de voir le remblai s’écouler et se décompacter, aussi il faut procéder par forage et c’est délicat. Cependant, depuis quelques années des témoins sont mis en place à la construction qui permettent d’effectuer des contrôles périodiques de l’état de la corrosion des armatures.

La réparation

Dès lors qu’une corrosion plus rapide que prévue a été détectée, il est possible de conforter les ouvrages sans avoir à démonter les écailles. La méthode consiste à forer des ancrages dans le remblai, en perçant les écailles, et à les relier ensuite aux écailles à l’aide de croix de Saint André en saillie.

Obsolescence programmée

Les techniques modernes de construction permettent d’édifier rapidement des ouvrages spectaculaires et souvent peu chers. Cependant ces ouvrages ne sont pas pérennes, leur obsolescence à court terme est certaine, il est parfois possible de la mesurer ou de la reporter.

La plupart des oeuvres humaines sont calculées pour tenir jusqu’à la fin de leur durée de garantie contractuelle, de 2 à 7 ans pour les voitures, 10 ans pour le gros oeuvre des maisons. Pour les gros ouvrages, centrales nucléaires, ouvrages d’art, on estime qu’une durée de 30 à 70 ans est un bon objectif, cependant personne, ni le constructeur, ni l’assureur, ne garantira l’ouvrage au-delà de 10 ans.

Lorsqu’un maître d’ouvrage se voit proposer deux techniques différentes, l’une pérenne (plusieurs centaines d’années) et chère, l’autre bon marché mais peu durable, il se voit le plus souvent contraint d’utiliser cette dernière, économiquement plus rentable.

Nous vivons dans une ère moderne…

 

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