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les toitures du XXIème siècle

Retour en Belle Bretagne, après Paris, Ouarzazate et Marseille, avec quelques réflexions sur les toitures et l’architecture. Cet article est le fruit d’une réflexion personnelle, ce n’est pas un copié collé, hormis les photos, trouvées sur internet, c’est un premier jet, il est peut-être maladroit, aussi vos observations sont bienvenues.

Les toitures, en ardoises et à forte pente, sont une des caractéristiques de la Bretagne (Dinan) :
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Comme les toits de tuiles à faible pente sont une caractéristique du Midi (Aigues Mortes) :
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En Bretagne les règlements d’urbanisme imposaient jusqu’à il n’y a pas bien longtemps des pentes de toit comprises entre 100 et 170%, c’est-à-dire avec un angle de 45° à 60° par rapport à l’horizontale. De plus en plus de communes ont amendé cette règlementation imbécile et autorisent désormais les toitures terrasses et les toits à faibles pentes.

Les pentes de toit minimales des toitures en tuiles sont comprises entre 30 et 80% (17° à 39°), elles dépendent de la zone d’application (3 zones en France) et de l’exposition de la construction. Les pentes de toit minimales des toitures en ardoises sont du même ordre que celles des toitures en tuiles, à noter cependant que le recouvrement varie suivant la pente, mais les pentes de toit maximales peuvent aller jusqu’à une pose à la verticale, dans le cas de bardages par exemple. Ainsi, sur un comble à la Mansard, le terrasson (faible pente) et le brisis (forte pente) peuvent être tous deux recouverts d’ardoises.

La première fois que je suis venu en Bretagne, je me suis demandé pourquoi les toits avaient des pentes si fortes et pourquoi ils étaient systématiquement recouverts d’ardoises. L’emploi de l’ardoise n’impose pas ces fortes pentes, la raison vient d’ailleurs.

12047577Avant le XVIème siècle, la plupart des maisons, en Bretagne, comme dans beaucoup d’autres régions, y compris dans le Midi, comme en Camargue, étaient recouvertes de chaume. Ce chaume était un sous produit de la culture du seigle (Bretagne), ou provenait de roseaux (Camargue). A partir du XVIème siècle, en raison du nombre important d’incendies de toitures, le chaume fut progressivement interdit et remplacé par l’ardoise ou par la tuile, en fonction des disponibilités locales. Les constructions nobles, comme les châteaux et les édifices religieux faisaient déjà appel à ces matériaux depuis longtemps. C’est dans les villes que le chaume disparut en premier, mais il fallut attendre la fin du XIXème siècle pour voir les toitures en chaume disparaitre des habitations modestes des zones rurales.

L’emploi du chaume exigeait de fortes pentes, pour permettre l’écoulement de la pluie. Lorsque les toitures en chaume étaient refaites en ardoise, on gardait la pente des toits, de façon à conserver les pignons et la charpente. Les chevronnières, ces pignons recouvrant la toiture, que l’on trouve encore, même sur des constructions récentes, datent des couvertures en chaume, elles permettaient d’éviter que le chaume soit arraché par les effets du vent.

Les règlements d’urbanisme, pour conserver l’harmonie du bâti, se sont basés sur l’existant et ont imposé les fortes pentes et l’ardoise.

Aujourd’hui paradoxalement, alors que la région nantaise produit des tuiles en abondance, les ardoises qui recouvrent nos maisons viennent d’Espagne pour la plupart, beaucoup d’ardoisières bretonnes ayant cessé leur activité. L’ardoise est plus chère et plus difficile à poser que la tuile, et les fortes pentes présentent beaucoup d’inconvénients pour les maisons individuelles :

visuel-traditionnelles-2_3011La limitation des hauteurs des constructions et la hauteur importante des combles font que les étages des maisons sont aménagés dans le comble, avec plusieurs inconvénients :

Au niveau thermique, un comble aménagé est plus difficile à isoler et à chauffer qu’un étage sous comble. La surface habitable est réduite, avec des zones non habitables (celles où on ne peut pas se tenir debout) qui coûtent cependant (plancher + carrelage) et il n’est pas possible d’installer des meubles hauts sous les rampants.  Dans les logements modestes, les ouvertures, hormis celles pratiquées dans les pignons, suivent souvent la pente du toit (les lucarnes sont onéreuses) et ces Vélux ne sont pas pratiques à ouvrir, pas pratiques à nettoyer et bruyants en cas de pluie ou de grêle.

Pour pallier ces difficultés, des constructeurs ont opté pour un étage constitué, en partie centrale d’une toiture à faible pente, et au niveau des pignons d’une partie de toiture à forte pente. Cela donne des édifices peu esthétiques :

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Heureusement les temps changent et sous l’impulsion d’architectes et de constructeurs tournés vers l’avenir, des maisons à toit terrasse ou à toiture de faible pente apparaissent, faisant appel à des couvertures métalliques, chaque fois que les règlements d’urbanisme le permettent, deux exemples de maisons de lotissement :
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L’architecture est fière quand elle colle à son temps, tout en retenant le meilleur du passé. Après les cages à lapins et le néo breton, un renouveau architectural en Bretagne ?

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