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hypocrisie républicaine

Les barrages dressés par le PS résisteront-ils à la poussée du FN ?

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[© photo : http://www.slate.fr/story/111161/regionales-mode-scrutin-fn]

Les modes de scrutin jouent un rôle considérable dans la vie politique. Chez nos voisins britanniques, ils ont peu changé depuis le 18ème siècle. Ce n’est pas le cas chez nous. La France a connu, en guère plus de deux cents ans, trois monarchies, deux empires, un État Français, trois occupations, cinq républiques et trois révolutions. Malgré une stabilité de nos institutions depuis la fondation de la cinquième république, l’organisation du territoire et les modes de scrutins ont changé à plusieurs reprises. Au niveau du territoire, les circonscriptions législatives ont été redécoupées en 1987 et en 2009, les cantons en 2014. Ces redécoupages étaient destinés à assurer une plus juste représentation des électeurs, on leur a reproché parfois d’être orientés de façon à favoriser tel ou tel parti (charcutage). Les modes de scrutin ont subi aussi des changements. Ainsi, après les élections régionales de 1998 à l’issue desquelles cinq candidats UDF avaient été élus à la tête de leurs régions grâce aux voix des conseillers FN, le mode de scrutin a été changé de façon à permettre à la liste arrivée en tête de disposer d’une confortable majorité, à l’image de ce qui se faisait dans les élections municipales. Ce mode de scrutin devait permettre, en cas de triangulaire gauche-droite-FN, de garantir à la liste gagnante, même si elle ne récoltait que 34% des voix, une majorité absolue des sièges. Un dispositif destiné à marginaliser le Front National. Mais ce que l’initiateur de la loi (Lionel Jospin) n’avait pas prévu, c’était l’arrivée du Front National en première position le 6 décembre 2015. Une réédition du scrutin national du 21 avril 2002.

La direction du Parti Socialiste, par la voix de son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, a décidé de “faire barrage* au Front National” en demandant aux listes PS arrivées en troisième position de se retirer lorsque la liste FN est arrivée en tête. Une décision approuvée par la majorité des militants, mais qui passe mal chez les têtes de listes concernées, deux d’entre eux se sont retirés à regret, le troisième fait de la résistance.

Le premier ministre, Manuel Valls arbore une fierté “républicaine”, républicaine, puisqu’il incite les Français à voter pour… “les républicains”. Républicaine oui, démocratique non.

Ce front républicain désavoué par le Front de Gauche et par Les Républicains eux-mêmes, est qualifié d’hypocrisie républicaine par Xavier Landes, dans un article publié sur slate.fr le 7 septembre 2015dont je cite un extrait :

“Soit l’on accepte le Front national comme partie prenante du jeu démocratique et l’on accepte le résultat des élections. Cela ne signifie pas que l’on se réjouisse de ses succès ou qu’on se refuse à débattre avec lui. Mais l’attitude qui consiste à faire des alliances de dernière minute pour lui ravir la représentation à laquelle ses électeurs lui donnent droit est tout simplement hypocrite.”

catastrophic-dam-failure(*) Je reviens sur la notion de barrage et je vais faire une analogie avec les barrages sur les rivières. Une fois qu’un barrage a été construit, on procède à sa mise en eau il se remplit plus ou moins rapidement suivant la retenue qu’il crée. Mais une fois rempli, si on ne permet plus à l’eau de s’écouler, soit en la turbinant dans une usine hydroélectrique, soit en la distribuant dans un réseau d’eau potable, soit en ouvrant les vannes, le niveau d’eau va monter, le flot va se déverser par dessus la crête du barrage et dans le pire des cas va l’emporter. Et quand un barrage cède, c’est terrible pour tout le monde. Attention avec le barrage au Front National, si les vannes restent fermées, il finira par céder.

admin