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Trump a tiré 59 missiles Tomahawk sur la Syrie

Donald Trump n’a pas tardé à réagir au raid aérien de l’aviation syrienne sur Khan Shaykhun, une petite ville contrôlée par les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie (sur la M5, à mi chemin entre Alep au nord et Homs au sud, cf. carte), qui aurait fait au moins 72 morts, dont 20 enfants, victimes d’un gaz encore non identifié.

Selon le Pentagone, 59 missiles auraient été tirés depuis des navires de la marine américaine. La frappe a visé l’aérodrome de Shayrat qui serait “directement lié” à l’attaque chimique selon l’administration américaine.

Damas de son côté a démenti “catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun” et son allié russe développe la piste d’un bombardement de l’armée syrienne ayant touché un entrepôt contenant de substances toxiques. Pourtant, les premiers éléments et témoignages recueillis sur le terrain s’opposent à cette thèse.

La décision de Bachar El Assad d’utiliser l’arme chimique est difficilement compréhensible :

  • à qui profite le crime ?
  • l’intérêt de l’arme chimique est de tuer un grand nombre d’ennemis, militaires, rebelles ou civils sans endommager les habitations et les matériels,
  • 72 morts dans une attaque chimique, c’est évidemment trop, mais ça ne rentre pas dans le cadre des objectifs de cette arme, c’est-à-dire exterminer une population,
  • mais surtout il ne pouvait pas ignorer que c’était le meilleur moyen pour retourner les occidentaux contre lui, alors que certains commençaient à le considérer comme un mal nécessaire dans la lutte contre Daesh.

En revanche, la décision de Trump s’explique facilement :

  • l’émotion, évidemment, en pensant à ses propres enfants et petits enfants
  • réaffirmer le leadership américain en tant que gendarme de la planète,
  • faire oublier le soutien de la Russie durant la campagne électorale américaine,
  • faire oublier les bombardements de civils à Mossoul,
  • mettre le bazar au Proche Orient pour faire remonter les cours du pétrole (grâce aux gaz de schistes, les américains sont désormais exportateurs d’hydrocarbures).

Si Trump avait été un “sage”, il aurait pris son téléphone et appelé Bachar pour lui dire “Stop your fucking chemical bombings or I’ll launch my Tomahawks”, il aurait attendu les résultats de l’enquête sur l’utilisation de l’arme chimique, il aurait saisi le conseil de sécurité, bref il aurait utilisé la méthode diplomatique. Mais Trump est un peu comme Obélix : on frappe d’abord et on discute ensuite. Bachar El Assad lui a offert un prétexte sur un plateau. Obama n’avait rien fait après l’attaque chimique au gaz Sarin, le 21 août 2013, qui avait fait plusieurs centaines de morts (1400 selon les Etats Unis) dans les environs de Damas. Mais les présidents américains se suivent et ne se ressemblent pas.

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